Redressement fiscal
Jean-Luc Mélenchon avait tort de dire que les cent premiers jours de François
Hollande n’avaient servi à rien. Ces trois mois auront permis au chef de l’État
de préparer un agenda, qui se donne comme horizon 2014. Ceux qui pensaient que «
le changement, c’est maintenant » devront donc attendre encore un peu. Mais
attendre quoi ? Il faut avoir la foi (socialiste) chevillée au corps pour se
persuader que les mesures et orientations annoncées hier remettront
immanquablement la France sur le chemin de l’équilibre budgétaire. À l’heure où
nos voisins européens engagent dans l’urgence de douloureuses réformes de
structure, François Hollande privilégie la fiscalité (10 milliards pour les
entreprises, 10 milliards pour les ménages, à quoi s’ajoutera la hausse de la
CSG) comme arme du redressement. Redressement national ? Il vaudrait mieux
parler de « redressement fiscal »… Les économies ? Le chef de l’État entend en
trouver 10 milliards. Mais autant il est précis lorsqu’il parle d’impôts, autant
il entretient le flou sur ce deuxième volet de sa politique. On le comprend
puisque le rabot budgétaire n’est ni dans sa nature ni, surtout, dans celle des
socialistes et de leurs alliés. Surtout, en sortant son fameux « Agenda 2014 »,
le président de la République trompe un peu son monde. L’expression a pour
objectif de rappeler le fameux agenda de Gerhard Schröder, qui vaut aujourd’hui
à l’Allemagne d’être en excédent budgétaire et commercial quand ses voisins
souffrent mille maux. Mais le chancelier social-démocrate n’avait pas privilégié
l’impôt, il avait lancé des réformes de compétitivité, en s’attaquant notamment
aux rigidités du marché du travail. Sur cette question capitale, François
Hollande s’en remet aux partenaires sociaux. Or qui peut croire que Bernard
Thibault accueillera avec des cris de joie la perspective d’introduire de la
flexibilité dans le droit du travail ? Autant demander à Laurence Parisot de
réclamer l’appropriation collective des moyens de production… Reste donc
l’impôt, l’alpha et l’oméga du PS. À l’heure où le cas Bernard Arnault fait des
vagues, François Hollande devrait méditer la phrase de Jeanson : « En trayant
sans cesse la vache à lait, on tue la poule aux oeufs d’or. »