Article du Progrès du 5 juillet 2011

La majorité municipale assume l’éviction des adjoints écologistes


Les centristes, puis l’UMP, quitteront la salle, ne prenant pas part au vote / Photo Y. P.


« La délibération ce soir concernant l’exclusion des adjoints Europe écologie - les Vers est, à double titre exceptionnel. Exceptionnel car exclure de son équipe municipale, les Verts qui vous ont permis d’emporter l’élection en 2008 n’est pas courant. Exceptionnel car reproposer au vote des élus une délibération très proche de celle qui a été déclarée illégale par le tribunal il y a dix jours est surprenant. ». Baptiste Dumas, conseiller municipal d’opposition (Énergies Villeurbanne), a lancé ainsi le débat hier à l’hôtel de ville. En fin de séance du conseil municipal, il est alors question d’examiner une délibération visant au « non maintien dans leurs fonctions d’adjoints » de Béatrice Vessiller et Jean-Claude Ray après la récente annulation par la justice d’un texte similaire (lire « Le Progrès » d’hier).
« […] Vous nous obligez, ce soir, à assister à un fait de guerre burlesque, un combat de guerre picrochiline chère à Rabelais », lance pour sa part Richard Morales (Centristes et démocrates), renvoyant dos à dos écologistes (qui « se sont emparés de l’écologie ») et majorité, accusée de juger la qualité d’un adjoint sur des « critères très loin de l’intérêt citoyen ».
« Une adjointe écologiste se permet d’être candidate face à l’homme adoubé par le maire, seigneur et maître de notre bonne ville de Villeurbanne. Ces félons écologistes ne méritaient que le gibet politique […]», ironise Régis Lacoste (UMP) en évoquant un crime de lèse-majesté. « […] Nos concitoyens ne sont pas vos sujets, les partis politiques vos vassaux et Villeurbanne votre fief », ajoute l’élu.
Pour Jean-Claude Ray, encore adjoint EE-LV quand il prend la parole, l’éviction des écologistes de l’exécutif municipal il y a un an est une décision » incompréhensible, déloyale, illégitime, irresponsable et « illégale ». « A Villeurbanne, lance-t-il à Jean-Paul Bret, maire, vous étiez devenu, l’an passé le diviseur de la gauche, donnant un signe négatif dépassant les frontières de notre ville. Et vous continuez, vous vous obstinez. »
« Votre décision de l’an passé était une erreur politique et juridique. Vous […] vous enferrez dans l’erreur », considère elle aussi Béatrice Vessiller. « Ainsi M. Bret, vous ne supportez plus la différence quand bien même celle-ci s’inscrit dans le contrat de mandature que nous avions passé ensemble en 2008 », dénonce l’adjointe.
« […] Vous vous placez dans une posture de victime alors que vous êtes largement responsables de la situation », regrette Hector Bravo (Communistes et républicains), notant que les écologistes n’ont pas voté le dernier budget de la ville. A ses yeux, les écologistes jouent un jeu dangereux pour toute la gauche. « […] Il faut rompre avec la politique du scandale qui jette le discrédit sur tous les politiques et toutes les politiques », estime Hector Bravo.
« Ne pas voter le budget est le geste de trop », pointe Samia Belaziz (groupe radical et citoyen), pour qui la confiance entre majorité et Verts « est anéantie ».
« Cette décision de justice ne change rien aux actes posés et à la réalité des faits. […] Vous avez vous-mêmes fait le choix délibéré de l’opposition à l’équipe municipale », qui se doit d’être « cohérente et solidaire », poursuit Loïc Chabrier (Parti socialiste).
« […] Il faudrait repartir comme si de rien n’était. […] Vous êtes, depuis un an, nos meilleurs opposants », lance quant à lui Jean-Paul Bret. Si le maire indique avoir pris acte de la décision du tribunal administratif - non sans souligner la vision procédurale de la politique des Verts -, elle ne change rien à la crise de confiance existante. « Quand on est dans une équipe, on ne peut pas délibérément marquer contre son camp […]», déclare-t-il.
Le retrait des mandats d’adjoint sera validé par 33 élus, 8 autres votant contre et 5 élus votant blancs. Le groupe communiste s’est abstenu. Centristes et UMP n’ont pas pris part au vote et ont quitté la salle.
Le rapport suivant - la fixation à 15 du nombre d’adjoints - a été adopté par 38 voix et 2 votes blancs. Les écologistes ont fait le choix de l’abstention.
Y. P.