Face au chômage, la stratégie de François Hollande est insuffisante et impuissante

L'Insee vient de confirmer que le taux de chômage a atteint 10,2%, au dernier trimestre de 2012. Il est à son niveau le plus haut depuis 1999, quand Lionel Jospin était Premier ministre. Même au cœur de la crise financière de 2008-2009, le chômage n'avait pas dépassé les 10%. François Hollande ne peut s'exonérer d'une responsabilité personnelle dans cette dégradation extrêmement grave du marché du travail. Le pire est qu'il ne prend pas la mesure des difficultés : sa stratégie économique est illisible, insuffisante et impuissante.

Le plan de François Hollande se résume en effet aux emplois d'avenir, aux contrats de génération, au crédit impôt compétitivité et à la banque publique d'investissement (BPI). Ces mesures sont dramatiquement sous-dimensionnées au regard de l'enjeu du chômage.

Les emplois d'avenir sont des emplois aidés, subventionnés à hauteur de 75% par l'Etat et concentrés sur le secteur non marchand. L'expérience montre que ces contrats, coûteux pour l'Etat, offrent peu de débouchés vers des emplois durables. Les contrats de génération relèvent de la même logique : c'est une aide publique onéreuse (près d'1 milliard € par an) et inefficace. Selon l'Observatoire Français des Conjonctures Economiques, il créera en moyenne environ 4000 emplois par an. Le crédit d'impôt compétitivité-emploi pour les entreprises est un monstre bureaucratique, mal calibré pour les PME. Son montant efface à peine les hausses d'impôts que les entreprises ont subies depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir (15 milliards). Enfin, la BPI est une opération cosmétique puisqu'elle regroupe des structures préexistantes (OSEO, le Fonds Stratégique d'Investissement et la branche «entreprises » de la CDC). Le gouvernement prend ainsi le risque de bureaucratiser encore plus le financement public des entreprises. Chacun a surtout bien compris que la BPI était un instrument clientéliste que François Hollande a placé entre les mains de deux élus socialistes, Ségolène Royal et Jean-Paul Huchon.

La seule mesure qui va plutôt dans le bon sens est le projet de loi sur la sécurisation de l'emploi présenté cette semaine en Conseil des Ministres, qui donne une certaine flexibilité au marché du travail, tout en protégeant mieux les travailleurs. Mais cela ne doit pas grand-chose au gouvernement. Ce texte est la transposition d'un accord entre partenaires sociaux, qui discutaient de ces sujets bien avant l'élection de François Hollande. Au demeurant, il n'est pas suffisant car il ne traite pas de la question du temps de travail ou de la formation tout au long de la vie. En outre, nombre de parlementaires socialistes ont déjà promis de dénaturer ce projet de loi qu'ils jugent trop favorables aux entreprises.

Rien dans la politique de François Hollande ne permet donc d'espérer une amélioration sur le front de l'emploi. Cette apathie face au chômage est inacceptable. Notre devoir est de mettre la pression sur le gouvernement pour le pousser à mettre en place les réformes indispensables pour restaurer la compétitivité et l'emploi. Ce sera l'enjeu de la motion de censure que je défendrai, dans quelques jours, contre la politique économique de la gauche.
 
Jean-François COPE