La politique face à la crise

Le plan de relance français est-il suffisant si on le compare à ceux des pays de l’OCDE ?

Qui peut croire que l’efficacité d’un plan de relance se mesure uniquement à l’aune de son montant !
Arrêtons de comparer seulement des bouts de chiffres sans regarder la réalité des économies, des difficultés, des atouts et des acquis de chaque pays !
Juste un exemple : le PS nous dit les Américains font plus que vous. Quand le PS vante le modèle social américain, on a envie de se pincer…
Mais quand on regarde concrètement les niveaux de prestations sociales, cette comparaison avec le plan américain ne tient pas.
Les Français sont nettement mieux protégés :
-En France, on a des dépenses sociales qui représentent 3% du PIB et qui comptent pour 30% dans les revenus des ménages : c’est 10.000 euros par habitant par an
-Aux Etats-Unis, ces dépenses sociales représentent moins de 20% du PIB : c’est 6000 euros par habitant par an
-Au total, cela fait donc une différence de 4000 euros par an au bénéfice des Français !

Et puis il y a une autre différence entre la France et les Etats-Unis :
-Aux Etats-Unis, c’est l’endettement qui fait tourner le moteur de la demande intérieure. Et aujourd’hui, le taux d'endettement des ménages américains atteint 130% de leurs revenus, et les banques ne leur prêtent plus. D’où le besoin de trouver un autre moteur à la consommation des ménages américains.
-En France, nous ne sommes pas dans cette situation : les Français ont un taux d’épargne de 15% et un taux d’endettement beaucoup plus faible est relativement modéré.

Un plan de relance est efficace s’il respecte une règle des 4 « T » : Timely, Targeted, Temporary and Transformative.

En clair, pour être efficace, un plan de relance doit respecter 4 critères :

1) la réactivité avec laquelle les décisions sont prises : les mesures ont été prises vite et surtout elles sont mises en œuvre rapidement. 75% des investissements publics du plan français sont prévus pour être décaissés en 2009, l’année de la crise, pour soutenir l’activité et l’emploi. Là aussi comparons : aux Etats-Unis, 24% (=185 / 787) seulement du plan est mis en œuvre cette année.

2) le ciblage des mesures : contrairement au PS qui propose une baisse de la TVA de 1 ou 2 points (assez injuste car cela concerne tous les Français et inefficace car imperceptible), nous avons ciblé les aides sur les Français les plus fragilisés par la crise.
Pour comparer, le plan américain inclut 168Md$ de crédit d’impôts sur deux ans non ciblés car concernant 95% des ménages. Comme le souligne le prix Nobel J. Stiglitz : « un tiers [du plan de relance américain] est consacré aux réductions fiscales. Or les Américains – endettés, menacés de licenciement – vont préférer utiliser ces baisses d’impôts pour faire des économies. »

3) le caractère temporaire des mesures : la crise est exceptionnelle et les mesures doivent l’être aussi.

4) et surtout, sa capacité à transformer, à réformer structurellement : l’essentiel, c’est ce que nous construisons pour l’avenir, ce que nous transformons pour être plus forts demain ! En poursuivant les réformes et en privilégiant l’investissement, nous construisons par l’avenir, pour valoriser les atouts français qui feront que demain, notre pays sera plus attractif et plus compétitif (santé, éducation, infrastructures, qualité de l’eau, de l’air, logement…)

Enfin, si on veut juste parler chiffres, les efforts de relance budgétaire dans la zone euro sont, en moyenne, comparables à celui de la France et même un peu inférieurs.
Selon le Président Barroso, dans la zone euro, les mesures de relance active représentent en moyenne 1,7% du PIB, et les stabilisateurs automatiques représenteraient aussi environ 1,7% du PIB en moyenne selon les pays. Au total, le soutien à l’activité dans la zone euro serait de 3,3% du PIB européen en moyenne.

Au total, pour 2009, notre relance s’élève à 34,5 milliards d’euros, soit 1,8% du PIB. Et pour les stabilisateurs automatiques, nous sommes à 26 milliards d’euros, soit 1,4% du PIB.Sur 2009 et 2010, nous atteignons 45 milliards d’euros, soit 2,4% du PIB ! Sans compter les stabilisateurs automatiques.