Présidence française du G8 et du G20

Lors de ses vœux à la presse, le lundi 24 janvier, Nicolas Sarkozy a présenté la feuille de route de la présidence française des G8- dont le sommet se tiendra à Deauville en juin 2011- et G20 -dont le sommet se déroulera à Cannes en novembre 2011- avec comme slogan : « G20-G8: France 2011, nouveau monde, nouvelles idées ».

1) La France va ouvrir, avec ses partenaires du G20 et du G8, 3 grands chantiers majeurs pour répondre concrètement aux grands déséquilibres qui fragilisent le monde : la guerre des monnaies, la spéculation sur les matières premières et les défis globaux.
C’est une nécessité dans un monde d’après crise qui est plus que jamais incertain et volatil : aujourd’hui, on enregistre par exemple des flux de 4 000 milliards de dollars chaque jour sur les marchés des changes –soit presque le double du PIB annuel de la France ! A cause des spéculations financières, les prix des denrées agricoles ont fluctué 3 fois plus ces dernières années qu’elles ne le faisaient dans le monde d’après-guerre. A tous ces dérangements, il faut mettre de l’ordre, c’est l’ambition de la France !

2) Nicolas Sarkozy a ouvert des pistes novatrices, réalistes et crédibles sur ces 3 sujets.
-Une meilleure régulation des taux de change passera avant tout par le renforcement du rôle du FMI, la reconnaissance du rôle des monnaies des puissances émergentes et la mise en place d’indicateurs fiables sur les réserves de changes accumulées par certains Etats et la sous-évaluation de certaines monnaies. L’objectif est que les grandes nations s’accordent sur la politique à mettre en œuvre pour réduire les accumulations de réserves monétaires et renforcer la croissance mondiale.

-La volonté de faire de la régulation des marchés dérivés de matières premières une priorité, notamment pour les matières premières agricoles qui subissent de fortes spéculations, aggravant le problème de la faim dans le monde. La loi de l’offre et de la demande, avec ses aléas et ses spéculations, ne peut pas régir seule tous les enjeux d’un secteur aussi vital que celui de l’alimentation sans générer, au gré des saisons, des pénuries intolérables et des surplus gâchés. Il y a une spécificité des fruits de la terre : on ne peut «laisser faire et laisser aller » en matière agricole comme on le fait pour certains biens industriels, voitures ou télévisions.

-Enfin, le G20 et le G8 seront l’occasion de traiter de problématiques globales qui ne peuvent trouver des solutions qu’à un niveau international :
• la question du développement de l’Afrique -une urgence quand on voit par exemple qu’Aqmi progresse au Sahel sur le terreau de la misère !- qui pourrait notamment être financé par la création d’une taxe sur les transactions financières. C’est un vieux serpent de mer que cette idée de la taxe Tobin, mais il est légitime d’enfin arriver à se mettre d’accord sur cette taxe qui permettrait à la fois de limiter la spéculation et de financer le développement dans le monde.
• l’instauration d’un socle de protection social universel sur la base des conventions de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Voilà encore un sujet majeur, à l’heure où l’un des fléaux de notre monde est le dumping social : la misère de certains travailleurs pauvres des pays en voie de développement est exploitée pour produire à très bas coûts contre lesquels les pays développés ne peuvent pas être compétitifs ce qui entraîne des délocalisations désastreuses pour les ouvriers des pays développés. Il n’est plus tolérable que la pauvreté des travailleurs de certains pays en voie de développement créé de la pauvreté dans les pays développés ! Il faut au contraire s’entendre sur un dénominateur commun social universel qui tire les conditions de travail de tous vers le haut !
• une réflexion sur la régulation d’Internet : c’est un sujet dont l’affaire « Wikileaks » a montré l’actualité brûlante et que les députés UMP avaient déjà défriché avec leur groupe de travail sur l’éthique du numérique.

3) Cette feuille de route n’est pas la marque d’une utopie française qui ferait sourire les autres membres du G8 et du G20 : dans le monde globalisé de l’après crise, la régulation n’est pas un choix, c’est une nécessité. Tous les Etats en prennent aujourd’hui conscience. En donnant de telles priorités à sa présidence du G20 et du G8, la France montre combien elle est tient un rôle moteur dans la réforme de la gouvernance mondiale. Notre famille politique prendra toute sa part à cette réflexion majeure pour l’avenir du monde et de notre pays.