Article du Figaro du 10 janvier 2009

Nicolas Sarkozy au chevet du système hospitalier

De notre envoyé spécial à Strasbourg, Charles Jaigu


Le président estime que les problèmes de l'hôpital tiennent davantage à une question d'organisation qu'à un défaut de moyens.


Après Paris, la province. Vendredi, Nicolas Sarkozy a renoué avec le «pays réel» en visitant à Strasbourg un hôpital universitaire flambant neuf. «J'aurais pu rester à Paris, mais je ne voulais pas m'incliner devant tous les chapeaux à plumes habituels qui sont venus voir tous les présidents de la République avant, et qui les verront tous après», a ironisé Sarkozy avant d'ajouter, afin de bien se faire comprendre : «Ce qui m'intéresse, c'est de m'engager auprès de vous.»

Les vœux décentralisés ne sont pas une nouveauté. Jacques Chirac les avait inaugurés à Metz devant les forces vives, en 2006. Mais il s'était livré à l'exercice dans la préfecture de la Moselle, devant l'ensemble des représentants de la haute fonction publique, dont certains étaient venus de Paris pour l'occasion. Vendredi, Nicolas Sarkozy a souhaité un déplacement banalisé, sans dorures ni apparat : visite d'hôpital, rencontre avec le personnel médical, puis allocution devant des médecins et les personnels hospitaliers.

Des vœux de terrain qu'il déclinera la semaine prochaine pour aborder d'autres chantiers de 2009. Il sera lundi à Saint-Lô, dans la Manche, pour parler d'éducation - et donc de la réforme de la classe de seconde, reportée par le ministre de l'Éducation Xavier Darcos -, mardi à Nîmes (Gard) pour s'adresser au monde de la culture et défendre la réforme de la télévision publique, mercredi à Orléans (Loiret), pour revenir sur la chaîne pénale et la réforme des prisons. Enfin, il terminera jeudi à Vesoul (Haute-Saône), pour reparler du plan de relance et des réformes économiques.

«Tirer les leçons de tout ce qui s'est passé»
En commençant avec Strasbourg, le chef de l'État n'était pas dépaysé. La capitale de l'Alsace est la ville la plus visitée par Nicolas Sarkozy depuis le début du quinquennat : il y a organisé un Conseil des ministres décentralisé en 2007 et s'y est rendu à trois reprises au cours de la présidence européenne. Choisir le CHU de Strasbourg pour ses premiers vœux décentralisés est avant tout une façon de s'adresser aux professions hospitalières après la polémique sur le manque de moyens dans les hôpitaux : «Des familles ont été frappées par la disparition brutale d'un fils, d'un mari, d'une mère. Je sais que ces drames ont aussi durement éprouvé les médecins, les soignants et l'ensemble des personnels», a dit Nicolas Sarkozy dans son discours, avant d'indiquer qu'il avait demandé à la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, de «tirer les leçons de tout ce qui s'est passé».

Accueilli par des manifestants très remontés, il s'est tout de suite entretenu avec les syndicats du CHU pour défendre la réforme de la gouvernance des hôpitaux. «Dans un hôpital, tout le monde a le pouvoir de dire non, et pas celui de dire oui», a-t-il expliqué ensuite devant une petite assemblée composée de médecins et de personnels des hôpitaux. «Je ne dis pas qu'il vous faut un omniprésident… mais il faut un vrai patron qui décide, qui est responsable et capable d'arbitrer», a-t-il dit en souriant.

Car c'est le cœur du message de Sarkozy : pour améliorer le fonctionnement des hôpitaux, ce ne sont pas les moyens qui manquent, c'est l'organisation qui est mauvaise. «De 1998 à 2008, le budget des hôpitaux a augmenté de 50 %, soit 23 milliards d'euros», a-t-il rappelé. «Tout le monde ne peut pas venir, et dire “j'ai un panaris, j'arrive et je veux être guéri ”», a résumé le président.

Nicolas Sarkozy a aussi confirmé son intention d'engager une réforme des hôpitaux universitaires. Il a demandé à un «groupe des sages» présidé par le professeur Jacques Marescaux, chirurgien et chercheur, de proposer un «nouveau modèle pour les CHU». Puis il a rendu hommage à Robert Debré, inventeur des CHU en 1958, et à son petit-fils, le député UMP de Paris Bernard Debré, qui participera au groupe des sages. Car, depuis 1958, l'organisation des CHU n'a pas bougé d'un iota. «Une réforme tous les cinquante ans, cela ne nous paraît pas excessif», plaide un collaborateur du président.
Vidéo du discours de Nicolas Sarkozy :