François Fillon plaide pour "un capitalisme responsable"

Le Premier ministre a invité, lors de son discours de clôture du colloque "Nouveau monde, nouveau capitalisme" le 9 janvier, la nouvelle administration américaine à "repenser le monde" avec les Européens à la lumière de la crise économique mondiale. Il a aussi défendu la création d’"outils de régulation" des prix de l’énergie.

"Les Etats-Unis prennent réellement conscience de la gravité de la situation, mais il faut aussi qu’ils prennent conscience que seule une coopération internationale renouvelée permettra de la surmonter", a déclaré le Premier ministre en clôture du colloque "Nouveau monde, nouveau capitalisme" réuni à Paris .
"Le message de l’Europe à l’Amérique, c’est celui-ci, a-t-il poursuivi : nous vivons la première crise réelle et généralisée de la mondialisation. C’est un avertissement qui nous dicte de repenser le monde, et non pas de le rafistoler à la marge."
Le Premier ministre a qualifié d’"exceptionnel" le plan de relance annoncé le 8 janvier par le président américain élu Barack Obama. Estimant que la mondialisation des échanges économiques était allée "plus vite que la politique", il a proposé que "la politique revienne au centre du système international".

Lutter contre les paradis fiscaux
Pour cette raison, le sommet de Londres du 2 avril prochain doit déboucher sur des "mesures concrètes : la soumission des activités de crédit aux réglementations définies à Bâle, la régulation des hedge funds systémiques, l’harmonisation des fonds propres des banques, l’encadrement de la titrisation, la lutte contre la procyclicité des normes comptables, la régulation des agences de notation et des pratiques de rémunération". Il faut aussi "engager une lutte sans merci contre les paradis fiscaux qui accentuent l’enfer de tous les autres", a ajouté le chef du Gouvernement.
Pour François Fillon, "aucune entreprise, aucune institution, aucun agent économique, aucun acteur du marché ne saurait se soustraire à la régulation ou à la supervision et faire peser un risque irresponsable sur l’ensemble de la collectivité".
Le chef du Gouvernement a encore appelé à "un capitalisme responsable", se disant en cela fidèle à son "engagement politique, le gaullisme", c’est-à-dire "une façon de rester maître de l’intérêt national qui, aujourd’hui, se conjugue avec l’intérêt européen et les nécessaires équilibres mondiaux".

Pour une régulation des prix de l’énergie
François Fillon a aussi abordé la question de la régulation des prix de l’énergie. "Il est de l’intérêt de tous de disposer d’une plus grande visibilité sur les prix pour échapper aux fluctuations erratiques que nous avons connues", a-t-il déclaré. "Le prix du baril de pétrole ne peut plus seulement être indexé sur le simple jeu de l’offre et de la demande", a déclaré le Premier ministre.
François Fillon a avancé la piste "d’engagements de moyen terme des pays consommateurs sur les prix d’achat (...) en contrepartie d’engagements des producteurs sur la réalisation d’investissements, sur le maintien d’une offre stable et sur une plus grande transparence sur les coûts de production".
"Cela permettrait à chacun", a-t-il développé, "de disposer d’une vision de moyen terme indispensable pour conforter les investissements tant en matière énergétique qu’industrielle".
Il avait proposé le 23 décembre au Caire une "discussion internationale" visant à stabiliser les prix de l’énergie, rejoignant déjà un appel en ce sens du Premier ministre britannique Gordon Brown.
François Fillon a par ailleurs estimé que l’Europe devait "parler d’une seule voix pour ne plus être l’otage" du conflit commercial russo-ukrainien sur le gaz, et appelé ces deux pays à "respecter scrupuleusement leurs engagements à notre égard", comme il l’avait fait le 7 janvier à l’issue d’une réunion à Matignon .