Un plan pour sauver la presse


Un plan pour sauver la presse
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Discours de Nicolas Sarkozy sur PUBLIC SENAT à la suite de la remise du Livre vert des Etats généraux de la presse écrite.

Nicolas Sarkozy a annoncé le 23 janvier à l’Elysée un plan de soutien de l’Etat en faveur de la presse écrite, à charge pour les acteurs de réformer en profondeur le secteur.
Clôturant les Etats généraux de la presse qu’il avait lancés à l’automne, le chef de l’Etat a détaillé les difficultés du secteur : "La presse écrite était en crise avant la crise", a insisté le président de la République, décrivant un "contexte économique dégradé" et une nécessaire adaptation à l’ère numérique.
La plupart des mesures préconisées par le chef de l’Etat figurent parmi les 90 recommandations du Livre vert des Etats généraux de la presse qui avaient pour objectif d’établir un diagnostic partagé de la situation de la presse écrite française, d’analyser ses points de blocage et d’identifier, sur la base de ce diagnostic, les solutions à mettre en oeuvre pour l’accompagner dans le tournant stratégique des années 2000. Les états généraux ont réuni plus de 150 représentants de la profession (éditeurs, journalistes, ouvriers du Livre...).
Des mesures de soutien économique
Le chef de l’Etat a annoncé plusieurs mesures de soutien : le report d’un an de l’augmentation des tarifs postaux (coût : 24 millions d’euros) ; une nette augmentation des dépenses de communication de l’Etat ; un soutien aux marchands de journaux (60 millions d’euros) ; un soutien au portage à domicile (80 millions d’euros au total, lire ci-dessous).
Offrir un abonnement gratuit à un quotidien de son choix à chaque jeune de 18 ans
Chaque jeune Français bénéficiera d’un abonnement gratuit à un quotidien de son choix pendant l’année de ses 18 ans, à titre expérimental. Le journal sera payé par l’éditeur, le transport par l’Etat.
"L’habitude de lire la presse se prend très jeune", a fait valoir Nicolas Sarkozy.
Poursuivre le dialogue social
Dans son discours, le chef de l’Etat a mis en avant l’importance du dialogue social. Il a engagé les partenaires sociaux à le poursuivre, sur plusieurs points, par exemple les négociations dans les imprimeries ou l’adoption d’une charte de déontologie.
Nicolas Sarkozy s’est ainsi déclaré satisfait de la volonté des partenaires sociaux de la presse à négocier "un nouveau contrat social" dans les imprimeries, avec pour objectif de réduire de 30 à 40 % le coût de l’impression.
L’Etat "désignera si nécessaire une personnalité chargée d’accompagner la négociation au nom de l’Etat". Ce dernier "contribuera à l’investissement requis" à condition qu’"un plan national de rationalisation et de mutualisation des imprimeries soit mis en oeuvre".
Créer un statut d’éditeur de presse en ligne
Le président de la République a annoncé par ailleurs la création d’un statut d’éditeur de presse en ligne et l’augmentation de l’aide de l’Etat au développement des journaux sur internet. Il a annoncé également que le régime des droits d’auteur des journalistes serait adapté à l’ère numérique : le remplacement d’un droit lié à la publication dans un support par un droit lié à un temps d’exploitation (24 heures). Christine Albanel proposera aux législateurs cette solution dans les meilleurs délais.
Aides au portage et aux marchands de journaux
Les marchands de journaux "bénéficieront d’une mesure de soutien correspondant à une exonération de 30 % de leurs cotisations sociales personnelles, soit en moyenne 4 000 euros par exploitant" par an, a déclaré Nicolas Sarkozy.
Le chef de l’Etat a précisé qu’il s’agissait d’une mesure "temporaire", dans l’attente de mesures du secteur pour améliorer leurs rémunérations.
L’aide directe de l’Etat au portage des journaux à domicile passera de 8 à 70 millions d’euros et les charges sociales patronales des sociétés de portage seront supprimées "pour tous les porteurs au niveau du Smic", a-t-il précisé. Ces mesures d’aide au portage seront mises en oeuvre dès le mois prochain.
Expérimenter des formes alternatives de distribution
Nicolas Sarkozy a retenu l’idée des Etats généraux "d’expérimenter pendant six mois, mais sans toucher à la loi Bichet (de 1947)*" des formes alternatives de distribution, par exemple la distribution des quotidiens nationaux par le réseau de la presse régionale ou la distribution par les éditeurs eux-mêmes de leurs titres dans des enseignes spécialisées.
Remédier au manque d’investissements
La législation anti-concentration ne sera en revanche pas modifiée, sauf sur le point particulier visant à permettre aux investisseurs de l’extérieur de l’Union européenne de posséder plus de 20 % d’un titre français.
"Personne ne peut se résigner au manque criant d’investisssements au sein de la presse, du fait de la sous-capitalisation des entreprises et de l’absence de grands groupes. Ce manque d’investissements est une des causes majeures de la crise de la presse", a estimé Nicolas Sarkozy qui souhaite "améliorer la rentabilité" du secteur.
Pour "renforcer" les fonds propres des entreprises de presse, il a annoncé l’extension de la loi Sapin de 1993, relative aux procédures d’achat d’espaces publicitaires, "à tout le hors-média et à toute la publicité qui transite sur internet, afin de mettre la presse en situation égale dans l’accès au marché publicitaire".
"Nous allons inciter les particuliers à faire des dons aux entreprises de presse", via des exonérations fiscales qui "permettront de défiscaliser les deux tiers de l’argent" investi, a-t-il ajouté.
* La loi Bichet du 2 avril 1947 concerne la distribution de la presse écrite. Elle édicte les principes de la liberté de choix de l’éditeur, de l’égalité des éditeurs face au système de distribution et de la solidarité entre éditeurs-coopérateurs.