Les embêtements, c'est maintenant

Editorial d'Yves Thréard du Figaro du 18 mai 2012

Le ciel bleu qui a salué, jeudi matin, l’entrée en fonction des nouveaux ministres s’est peu à peu assombri sur Paris. Jusqu’à devenir menaçant à l’heure du premier Conseil autour de François Hollande, à l’élysée. Était-ce là le présage des difficultés au-devant desquelles va le gouvernement ? Après les discours, enjoués et généreux, est venu le temps de l’action. Pour avoir beaucoup promis pendant sa campagne, le nouveau président de la République est désormais exposé à de fortes pressions. Le clientélisme électoral reste un jeu dangereux. S’il est aisé de faire miroiter plus de moyens quand on bat les estrades, il est compliqué de tenir parole une fois en place. Surtout quand les caisses de l’état sont vides. Le visage souriant des ministres, souvent jeunes et inexpérimentés, devrait bientôt prendre le masque grimaçant des jours mauvais. Les syndicats d’enseignants, qui font la pluie et le beau temps à l’éducation nationale, attendent Vincent Peillon comme le Père Noël. Cinq ans de matraquage antisarkozyste laissent des traces ! Policiers et magistrats croient Manuel Valls et Christiane Taubira plus enclins à les comprendre que leurs prédécesseurs. Le service après-vente des promesses d’emplois du chef de l’état revient à Michel Sapin, l’homme de confiance.
Ainsi affluent les doléances. Des mal-logés, des étudiants, des parents d’élèves, des personnels hospitaliers, des smicards et de tous ceux que François Hollande a caressés, depuis plus d’un an, dans le sens du vote socialiste. Affublé d’une qualification pour le moins cocasse – ministre du Redressement productif ! -, Arnaud Montebourg tient enfin son maroquin. Théoricien prolixe de la démondialisation, il ne manque pas de talent. Sur le terrain des plans sociaux, et Dieu sait s’il y en a, qu’en sera-t-il ? L’ami des victimes du capitalisme sauvage devra veiller à n’en pas devenir l’ennemi. Pas simple. Sur lui et les autres, les Français devraient vite se faire une idée plus précise…