Article du Progrès du 12 octobre 2012

Didier Vullierme redevient le 15e adjoint au maire
 
La majorité municipale l’a reconduit dans ses fonctions hier soir l’hôtel de ville, après l’annulation de son élection par le conseil d’État en juillet.
Les élus de l’UMP, d’Energies Villeurbanne et d’EELV n’ont pas pris part au vote.  Photo Yannick Ponnet
Les élus de l’UMP, d’Energies Villeurbanne et d’EELV n’ont pas pris part au vote. Photo Yannick Ponnet

« Chat échaudé craint l’eau froide. » Jean-Paul Bret, maire, a bien insisté sur les conditions de l’élection de son 15 e adjoint hier soir en mairie. Seul candidat déclaré, Didier Vullierme, dont l’élection comme adjoint avait été annulée par le conseil d’État le 27 juillet dernier à la suite d’un recours des élus d’Europe écologie les Verts (EELV), a donc été élu dans les règles de l’art avec 38 voix, 3 bulletins blancs et un vote nul (enveloppe vide). Il est en charge vdes déplacements urbains et des voiries.
Trois groupes ont décidé de ne pas prendre part au vote : l’UMP, Énergies Villeurbanne et EELV.
« […] Nous ne participerons pas à ce conflit de famille », annonce Régis Lacoste (UMP), non sans avoir ironisé sur les relations entre socialistes et écologistes : « […] Travailler en harmonie et confiance avec des élus écologistes pose des problèmes à de nombreux exécutifs socialistes. De Jean-Jack Queyranne à Gérard Colomb, de François Hollande à Jean-Paul Bret, le vert n’est plus tendance ! »

Une décision « antidémocratique »

Les écologistes rejettent la responsabilité du malaise. Même si elle porte sur une question de forme, la décision du conseil d’État, estime Vincent Morland, « vient confirmer notre analyse et le caractère abusif de notre éviction de l’exécutif municipal ». Une éviction due, rappelle-t-il, au maintien de la candidate écologiste Béatrice Vessiller au second tour de l’élection cantonale partielle de mars 2010 face au candidat socialiste Richard Llung.
C’était une « décision injuste, unilatérale et antidémocratique », aux yeux de Vincent Morland, qui considère que Jean-Paul Bret a fait preuve d’un « autoritarisme indigne d’une démocratie moderne ».
« Vous avez indiqué, il y a quelques semaines, que vous attendiez un signe d’apaisement de notre part », enchaîne l’élu Vert, avant de s’interroger sur un « acharnement à réaffirmer par cette délibération le choix de 2010 » et un « entêtement à vouloir diviser la gauche ».
« Aujourd’hui, la question est simple : il y a un 15 e adjoint qui doit être élu », souligne pour sa part Marc Ambrogelly (Communistes et républicains). Son groupe votera donc pour le candidat de la majorité, précise-t-il, après avoir rappelé que ce même groupe s’était abstenu lors de « l’exclusion de nos camarades écologistes ».
Le conseil d’État n’a pas à se prononcer sur le fond, souligne Loïc Chabrier, au nom des élus socialistes et apparentés ainsi que des radicaux de gauche. « Je me demande où est le ferment de la division », lance l’adjoint socialiste qui dénonce une certaine « amnésie » chez les écologistes : avant la cantonale de 2010, les Verts avaient déjà émis « des avis peu favorables » à l’unité de la gauche, selon lui. Le maintien de Béatrice Vessiller, élue « avec des voix de droite » aurait donc agi comme un révélateur.

Leçons d’union de la gauche

« Vous êtes mal placés pour donner des leçons d’union de la gauche », lance Loïc Chabrier, avant de revenir sur le refus d’EELV de voter le budget primitif de 2011. « Didier Vullierme a démontré depuis deux ans ses compétences et qualités », ajoute-t-il.
« On est dans une série de contentieux administratifs. […] Cela témoigne d’une espèce d’acharnement procédural ou d’ivresse procédurale », poursuit Jean-Paul Bret. « Je suis le tyran de cette ville et tout est de ma faute ici », relève le maire. Pointant « l’attitude schizophrène » des écologistes, Jean-Paul Bret voit dans le maintien de Béatrice Vessiller à l’élection cantonale de 2010 une entorse au « désistement républicain ». Depuis, des élus Verts siègent à l’Assemblée nationale grâce à l’absence de candidats du PS face à eux aux législatives, insiste-t-il, avant de lâcher ,en référence au candidat dissident ayant battu Ségolène Royale : « Vous, c’est plutôt Falorni ! »
La remarque fait mouche. « Nous n’avions pas d’accord », rétorque Béatrice Vessiller. Visiblement, il n’y en a toujours pas.
 
Yannick Ponnet