Quelle cruauté pour François Hollande de voir un rapport, commandé par son premier ministre, donner raison à l'UMP

Après avoir nié l'enjeu de la compétitivité pendant la campagne, après avoir mené une politique anti-compétitivité pendant 5 mois, en multipliant les décisions à contre-sens, ajoutant de la crise à la crise, François Hollande se retrouve pris à son propre piège.

Quelle cruauté pour François Hollande de voir un rapport, commandé par son premier ministre, donner raison à l'UMP et lui recommander de faire exactement l'inverse de ce qu'il fait depuis son élection : baisser la dépense publique au lieu d'augmenter massivement les impôts, baisser le coût du travail pour redonner des marges pour investir aux entreprises et réformer le marché du travail pour aller vers plus de flexibilité au service de l'emploi.

À l'inverse, ses premières décisions ont été de renchérir le coût du travail en augmentant le Smic et les cotisations patronales et salariales pour financer le retour partiel à la retraite à 60 ans, en taxant l'épargne salariale et surtout en supprimant la détaxation des heures supplémentaires et la TVA antidélocalisation. Il devrait donc aujourd'hui reconstruire ce qu'il a soigneusement détruit au seul motif que cela avait été fait par Nicolas Sarkozy.

Il pensait pouvoir gagner du temps en commandant un énième rapport sur un sujet dont le diagnostic et le traitement sont parfaitement connus. Mais Louis Gallois, qui connaît la réalité industrielle, ne pouvait pas faire autrement que lui dire la vérité. Et la vérité c'est que la compétitivité doit être la mère de toutes les batailles. C'est ce que je propose depuis plusieurs mois.

D'ailleurs, la proposition du rapport Gallois de baisser de 30 milliards les charges sur le travail, figure noir sur blanc dans le projet de l'UMP présenté en décembre 2011: même montant, même assiette et même objectif.

Sans rentrer dans la querelle sémantique en distinguant compétitivité coût et hors coût, avec Bernard Accoyer, Pierre Méhaignerie et Hervé Novelli, nous avons présenté cette semaine 11 propositions pour une véritable politique de l'offre au service de l'emploi. Mais nous ne nous faisons aucune illusion sur la capacité de François Hollande à prendre les bonnes décisions. Il commence déjà à expliquer courageusement que ce rapport ne l'engage pas.
Jean-François Copé
Secrétaire général de l’UMP