Des paroles aux actes

L'éditorial d'Yves Thréard dans le Figaro du 9 août 2012

Dans la torpeur de l'été, et alors qu'il est lui-même en vacances, trois actualités brûlantes rappellent François Hollande à la réalité. Le démantèlement des camps de Roms, la flambée des prix de l'essence, la guerre ­civile en Syrie. Trois sujets d'une gravité certes différente, mais qu'il n'est pas inutile de mettre en regard des promesses faites, il y a peu, par le président de la République. Trois exemples qui traduisent chez lui une frilosité certaine. À moins que l'exercice du pouvoir ne l'ait ramené - au moins sur les Roms et l'essence - à plus de clairvoyance.
En mars, alors que la campagne battait son plein, François Hollande affirmait qu'avec lui, les gens du voyage d'origine roumaine ne seraient pas exposés à la fermeté de ­Nicolas Sarkozy. «On ne peut pas continuer à accepter que des familles soient chassées d'un endroit sans solution», disait-il. Jeudi, un camp de Roms a été démantelé, conformément à une décision de justice. Et des occupants d'autres sites, expulsés par charter à destination de Bucarest. N'était-ce pas le même François Hollande qui criait à la stigmatisation pendant l'été 2010?
En janvier, le candidat PS à l'Élysée annonçait qu'avec lui les Français pourraient compter sur un blocage temporaire des prix de l'essence, en cas de forte augmentation. Nous y sommes, mais le ministre de l'Économie, tout bien considéré, préfère attendre. Il s'en remet à une mission d'inspection . Technique rompue du hollandisme: quand un problème se pose, son traitement est renvoyé à l'examen d'une comission. Comme pour cacher un changement de pied.
Fin mai, le déjà président de la République n'excluait pas une intervention militaire en Syrie. «À moi, ajoutait-il, de convaincre Russes et Chinois.» Moscou et Pékin continuent à faire la sourde oreille. Mais, alors que certains s'impatientent face au massacre de la population par les séides de ­Bachar el-Assad, le chef de l'État n'apparaît plus en première ligne. La France ­préside pourtant depuis peu le Conseil de sécurité de l'ONU, poste stratégique pour multiplier les initiatives.
Ainsi va François Hollande.