Le président Hollande et la sécurité

Le président Hollande, à Pierrefeu-du-Var, a tenu des propos très convenus : il est pour la sécurité, contre la délinquance. L'affichage d'intentions contraires aurait été étonnant.

Mais sur le fond, le discours du président de la République comporte deux insuffisances préoccupantes.

D'une part, la confirmation des "zones de sécurité prioritaire" est une mauvaise nouvelle pour l'immense majorité du territoire national, jugée non prioritaire par le gouvernement. Plutôt que rechercher à promouvoir la sécurité partout et pour tous, le président Hollande considère que la plupart des Français doivent vivre dans une "seconde zone" où la sécurité n'est pas une priorité.

D'autre part et surtout, le discours présidentiel sur la lutte contre la récidive est totalement contredit, dans les faits, par les choix de politique pénale d'ores et déjà mis en oeuvre par la ministre de la justice. Je prendrai un seul exemple : le traitement des criminels les plus dangereux et les plus violents, ayant purgé une peine de réclusion d'une durée égale ou supérieure à quinze ans pour les crimes d'assassinat ou de meurtre, de torture ou actes de barbarie, de viol, d'enlèvement ou de séquestration commis sur une victime particulièrement vulnérable. La précédente majorité a voté la loi du 21 février 2008 permettant que de tels criminels puissent être maintenus en rétention après l'expiration de leur peine de prison. Cette rétention de sûreté est pourtant combattue avec acharnement par Christiane Taubira, comme elle l'a annoncé dans son entretien à Libération la semaine dernière ("Regardez la rétention de sureté. Comment a-t-on pu faire avaler ça à un pays comme la France ! Il y a un patrimoine de valeurs, c'est un pays qui a une histoire de lutte, un pays qui se perche, surplombe le monde et lui explique la valeur de l'individu. Eh bien c'est dans ce pays qu'on a réussi à rendre acceptable la rétention de sureté ! Soyons clair, ça, c'était une parenthèse. Moi, je vais la fermer.").

Au total, dans son discours de Pierrefeu, le président Hollande n'a pas su fixer un cap clair pour garantir la sécurité des Français. C'est au Parlement, lors de l'examen des budgets et des projets de loi présentés par le Gouvernement, que sonnera l'heure de vérité.

Guillaume LARRIVÉ
Député UMP de l'Yonne