Jean-François Copé: "A l'UMP, on ne doit pas avoir de tabou"

Jean-François Copé: "A l'UMP, on ne doit pas avoir de tabou"
Article paru sur Nice matin le 1er août 2012

 
Le secrétaire général du parti sera ce soir au Cannet dans les Alpes-Maritimes pour mobiliser militants et élus d’opposition, face « à une gauche qui fait beaucoup de dégâts dans le pays »
Invité par Michèle Tabarot, député-maire du Cannet et secrétaire départementale de l'UMP, Jean-François Copé participera, aujourd'hui à 20 h 30, au dîner républicain organisé au Théâtre de Verdure du jardin Tivoli au Cannet. Devant plus de mille personnes réunies, notamment, grâce à Philippe Tabarot, conseiller général de Cannes, et Olivier Bettati, conseiller général de Nice, le secrétaire général de l'UMP commentera les temps forts de ce début de quinquennat vécu sur les bancs de l'opposition avant d'aborder la préparation du congrès du parti qui désignera, fin novembre, son nouveau président.
Votre réaction aux premières décisions du gouvernement ?
François Hollande et Jean-Marc Ayrault font comme s'il était urgent d'attendre. Ils ne nous ont rien proposé sur la dette, l'emploi, ou la compétitivité. Pire, la gauche a frappé directement les deux premiers ressorts de la croissance. La compétitivité des entreprises par un fort alourdissement du coût du travail en augmentant les cotisations sociales pour financer le retour partiel à la retraite à 60 ans et en supprimant la fiscalité antidélocalisations. Le pouvoir d'achat ensuite, avec 7 milliards d'euros d'augmentation d'impôts dont plus de la moitié touche les classes moyennes et populaires, et pas seulement les plus favorisés. C'est très inquiétant !
Ne font-ils pas qu'appliquer leurs engagements de campagne ?
Justement, c'est ce qui m'inquiète. Nous sommes bien en présence de cette politique de gauche que nous avions dénoncée et pour laquelle nous n'avions cessé d'alerter les Français. Celles et ceux qui n'ont pas voté pour Nicolas Sarkozy ou nos candidats aux législatives doivent commencer à le regretter amèrement, pour ce qui concerne leur feuille de paie ou leur sécurité.
Vous ne serez officiellement candidat à la présidence de l'UMP qu'à la fin août. Ne craignez-vous pas de prendre beaucoup de retard sur Fillon ?
J'ai toujours dit que la priorité de cet été était d'installer l'opposition face à la gauche et j'y consacre toutes mes forces. Viendra ensuite le temps de la campagne qui commencera sans doute à la rentrée. C'est à ce moment-là que je me prononcerai.
Comment parviendrez-vous, d'ici novembre, à inverser la tendance qui donne Fillon grand favori ?
L'intérêt d'une campagne électorale est de montrer la personnalité de chacun, son histoire, ses combats, ses engagements. J'aime passionnément la mission qui est la mienne. J'anime notre parti depuis pratiquement vingt mois au service de nos militants, je me suis donné sans compter pour la campagne de Sarkozy. Et j'ai mon histoire personnelle avec la ville de Meaux, dont je suis maire.
En quoi êtes-vous différent de Fillon ?
Parlons d'abord de ce qui nous rassemble. Nous avons le même attachement à l'Europe et à la maîtrise des déficits publics. Ce n'est pas rien. Pour le reste, nous avons une histoire élective différente. Je suis maire de Meaux, une ville qui est le reflet de la société française d'aujourd'hui avec 53 % de logements sociaux, des quartiers très sensibles dans une commune qui a été à gauche pendant de très nombreuses années. J'y ai démontré qu'on pouvait faire reculer le FN et la gauche en appliquant une politique de droite décomplexée. Forcément, mon histoire n'est pas la même que celle d'autres candidats…
A ce propos, les candidats ne sont-ils pas trop nombreux ?
Je trouve que chaque candidature est respectable et témoigne de la volonté de marquer sa sensibilité, sa diversité. Je suis un grand militant de la liberté d'expression au sein de l'UMP. L'essentiel au final est d'être tous rassemblés face à la gauche. C'est le message que je délivrerai ce soir au Cannet, chez mon amie Michèle Tabarot.
La création de mouvements au sein de l'UMP ne risque-t-elle pas d'aggraver les divisions ?
J'ai initié les mouvements qui vont permettre à la Droite populaire mais aussi à nos amis libéraux, centristes, humanistes, de faire connaître leurs différences. Je préfère que ce soit à l'intérieur de l'UMP plutôt qu'un retour aux tragiques périodes d'affrontements fratricides entre le RPR et l'UDF d'autrefois.
Ne craignez-vous pas toutefois une possible cacophonie ?
Au contraire ! Je crois que c'est très bien qu'il y ait une liberté d'expression dès lors qu'ensuite on se rassemble pour décider. Je défends moi-même une ligne, celle de la droite décomplexée. On ne doit pas avoir de tabou.
Confirmez-vous qu'une primaire sera organisée à l'UMP en 2017 ?
Je veux être garant de trois points très importants. Le premier, qu'il y ait bien des mouvements favorisant une diversité et une liberté totale d'expression. Que le militant comme l'élu puisse dire sa part de vérité au sein de l'UMP sans craindre d'être désavoué. Deuxièmement, qu'il y ait bien une primaire qui permettra, le moment venu, de choisir celui qui sera le meilleur d'entre nous pour 2017. Troisièmement, je veux appeler chacun à la sagesse et à la mesure. Ce qui se joue à l'automne prochain n'est pas la désignation du candidat pour 2017, n'en déplaise à ceux qui ont déjà bien vite endossé le costume de courtisans. L'heure aujourd'hui est à désigner celui qui est le mieux à même de porter l'opposition et de créer les conditions d'une vague bleue en 2014, pour les prochaines élections locales.
« Valls détricote notre politique de sécurité »

Comment jugez-vous les premiers pas de Valls ?
En bon disciple de Hollande, il est un adepte du double langage. Il fait des moulinets devant les micros en surjouant la fermeté mais, dans les faits, c'est le laxisme qui est au rendez-vous avec la destruction minutieuse de l'arsenal pénal que nous avions mis en place contre les délinquants : peines planchers, rétention de sûreté, tribunaux correctionnels pour mineurs… Et c'est la même logique en ce qui concerne l'immigration. Manuel Valls défait point par point notre politique d'immigration choisie pour renouer avec une logique d'immigration incontrôlée : arrêt des placements en centre de rétention pour les étrangers clandestins venus avec leurs enfants ; élargissement des critères de régularisation des mêmes clandestins ; suppression de la franchise de 30 euros que nous avions instaurée pour l'aide médicale d'Etat destinée à ces mêmes étrangers irréguliers ; assouplissement des critères de naturalisation…