Roms : inconséquence et mensonge

L'éditorial d'Yves Thréard du Figaro du 16 août 2012.

Au cœur de l'été 2010, la gauche n'avait pas de mots assez durs pour condamner les évacuations de campements roms ordonnées par Nicolas Sarkozy. Une politique de «stigmatisation» qui, disait-elle avec grandiloquence, rappelait les heures les plus sombres de notre histoire.
Deux ans plus tard, la gauche est au pouvoir. Le moins que l'on puisse dire est qu'elle a perdu de sa superbe. Les Roms sont toujours là et que fait-elle? Démantèlement des camps et charters pour la Roumanie. Comme l'ancienne majorité. Seule différence: le chœur des donneurs de leçons est privé de quelques-uns de ses ténors. Jean-Marc Ayrault et Martine Aubry notamment, à présent débordés et confrontés eux-mêmes au «casse-tête» des Roms dans leur ville de Nantes et de Lille. C'est dire la dose d'hypocrisie de l'antisarkozysme.
Dans la position de l'arroseur arrosé, le gouvernement cherche à se donner bonne conscience. Convoquée la semaine pro­chaine, une réunion interministérielle doit trouver des réponses, autres que «répres­sives», aux regroupements illégaux de Roms en France.
Il est question de faciliter leur accès au logement et au travail. Une politique de bons sentiments qui n'est que mépris, inconséquence et mensonge. Elle encouragerait leur venue en masse, créerait une discrimination par rapport aux immigrés en situation régulière, susciterait la colère des élus locaux de tous bords et de leurs administrés, excédés par la présence d'une population non sédentaire, au mode de vie si lointain du leur. Et nul ne peut croire que nous puissions leur trouver un toit et un emploi alors que nous en manquons cruellement.
Le gouvernement serait mieux inspiré en faisant pression sur leurs pays d'origine. Sur la Roumanie et la Bulgarie, qui fuient leurs responsabilités. L'urgence commande aussi un meilleur contrôle des quelque 15 milliards d'euros débloqués par l'Union européenne entre 2007 et 2013, prétendument pour faciliter l'intégration de cette minorité. L'humanisme n'exclut pas le réalisme.