La Rochelle et gueule de bois

L'éditorial d'Yves Thréard dans le Figaro du 23 août 2012

Qu'il paraît déjà loin le temps où François Hollande paradait à la télévision, expliquant dans une interminable anaphore qu'avec lui, président de la République, tout irait beaucoup mieux en France. Il essaierait, disait-il, d'avoir de la hauteur de vue «pour fixer les grandes orientations».
Trois mois plus tard, les Français, singulièrement parmi ceux qui l'ont élu à gauche, cherchent le cap du timonier de l'Élysée. En vain.
La croissance s'éteint, le chômage galope, les déficits explosent, la Syrie brûle, les prix de l'essence flambent, et ce n'est qu'indécision, hésitation et confusion. Après trois semaines de vacances, le gouvernement fait mine de reprendre les choses en main, et accouche de quelques mesurettes aussi coûteuses qu'inefficaces.
Apparaissent également au grand jour des tiraillements, voire des désaccords ministériels. Entre les beaux parleurs, comme Christiane Taubira ou Arnaud Montebourg, et les plus pragmatiques, comme Manuel Valls ou Jérôme Cahuzac.
Pour ne donner tort à personne, le chef de l'État et son premier ministre marchent sur des œufs. Ils renvoient les problèmes à la concertation, réflexe qui révèle moins chez eux un souci méthodologique qu'un moyen de cacher leur incapacité à décider.
Que la droite s'en indigne, c'est normal. Mais que certains à gauche, y compris au sein du PS, s'en inquiètent aussi vite, au point de perdre confiance, ce n'était sans doute pas programmé. À l'enthousiasme du printemps succède le malaise de la fin de l'été. Cent jours auront suffi, alors qu'en sera-t-il dans cinq ans?
Réunis à La Rochelle pour leur université d'été, les socialistes, qui ne savent trop à quel patron se vouer - Martine Aubry les abandonne-t-elle ou pas? -, ont prévu de fêter la victoire. Mais quelques voix désenchantées pourraient tirer la sonnette d'alarme.