Editorial d'Yves Thréard dans le Figaro du 22 août 2012

Du courage, vite !

François Hollande n'aurait pas dû prendre de vacances. L'objectif des photos prises à Brégançon était d'insister encore un peu plus sur l'image d'un président dit «normal». Mais l'opération était tellement cousue de fil blanc qu'elle a viré à la caricature. Et, à écouter les commentaires faits ici et là en cette rentrée, cette posture semble de moins en moins comprise et acceptée.
Le chef de l'État doit changer d'attitude, de braquet dans la conduite des affaires. Face à l'ampleur des problèmes qui se posent à notre pays, les Français veulent un président au travail, actif et réactif.
La mise en scène des cent premiers jours présidentiels ne sied pas à la gravité de la situation. La patience a ses limites. On ne peut plus se contenter d'à-peu-près dans les discours et de louvoiements dans la prise de décision ; de faux-semblants dans nos rapports avec l'Allemagne d'Angela Merkel et de hochets distribués à telle ou telle clientèle électorale pour faire diversion. Quant à l'antisarkozysme, qui a tenu lieu de politique pendant trois mois, il paraît usé jusqu'à la corde.
François Hollande est désormais face à lui-même. Sa première tâche est d'assainir les comptes de la nation. L'urgence est grande si la France veut retrouver le chemin de la croissance et ne pas tomber dans la catégorie des plus mauvais élèves européens. Or rien de ce que l'on sait de la préparation du budget 2013 ne permet de penser que ce défi puisse être relevé. Non seulement les fortes augmentations d'impôts prévues décourageront l'initiative, mais elles ne compenseront pas le train fou des dépenses publiques. C'est tout un état d'esprit qu'il convient de corriger. Malheureusement, celui du chef de l'État est tourné vers la préservation des 35 heures et la chasse aux riches plus que vers la recherche de compétitivité de notre économie.
Voilà, pour le coup, qui n'est pas «normal», quand la croissance est nulle, le chômage en hausse et l'investissement en berne. C'est dire combien François Hollande devra faire un gros travail sur lui-même s'il trouve enfin le courage d'avouer la vérité aux Français.