La compétitivité doit être au cœur du projet du gouvernement

La compétitivité doit être au cœur du projet du gouvernement

L'annonce de la suppression de 8000 postes chez PSA a été un réel choc. Mes premières pensées vont à ces salariés qui sont légitimement angoissés à l'idée de perdre leur emploi. Désormais, la cote d'alerte est dépassée. Nous devons tous prendre la mesure de la gravité de la crise que traverse l'industrie française : depuis le début des années 1980, nous avons perdu plus de 2 millions d'emplois industriels et aujourd'hui la situation est devenue intenable.

En tant que Secrétaire général du premier parti d'opposition, je l'ai dit clairement : nous serons aux côtés du gouvernement socialiste s'il s'agit de prendre des décisions en faveur de la compétitivité de notre économie pour préserver nos emplois. Mais, malheureusement, je veux dire ma grande inquiétude quand je vois que le gouvernement est incapable de prendre la moindre décision courageuse pour améliorer notre compétitivité. La conférence sociale organisée cette semaine en a été un incroyable révélateur. Toutes les décisions nécessaires ont été reportées à dans au moins un an, au motif qu'il faut organiser pour tous ces sujets un nombre incalculable de concertations, discussions, comités de travail en tous genres… Ces atermoiements sont inacceptables au regard de l'urgence de la situation et alors que les diagnostics sont déjà connus.

A ce décalage complet avec les réalités vient s'ajouter une série importante d'erreurs stratégiques commises par François Hollande et son gouvernement depuis près de deux mois. Hausse des cotisations sociales pour financer la retraite à 60 ans, taxation des heures supplémentaires, hausse du SMIC, suppression de la fiscalité anti-délocalisation : des mesures qui vont alourdir le coût du travail et donc dégrader notre compétitivité et accroître les délocalisations. En clair, depuis deux mois, le gouvernement fait tout l'inverse de ce qui est nécessaire pour protéger notre industrie.

A la veille de l'intervention télévisée de François Hollande pour le 14 juillet, j'en appelle au réalisme. L'heure est à la prise de décisions courageuses pour moderniser notre marché du travail et relancer efficacement notre croissance. Il n'y a pas d'alternative économique, il faut : une fiscalité anti-délocalisation qui baissera le coût du travail pour protéger les emplois, une renégociation des 35 heures par branche par branche, des accords compétitivité-emploi, une amélioration de la formation professionnelle avec un pari sur l'apprentissage et l'alternance, une défense de nos PME en leur réservant une part de la commande publique, un soutien accru à l'innovation avec la poursuite du crédit impôt-recherche et des investissements d'avenir, et plus de réciprocité dans nos échanges commerciaux. L'ensemble de ces dispositions peut nous permettre de relancer en peu de temps notre industrie à l'image de ce qu'a réussi l'Allemagne au cours des années 2000.

La gauche ne doit pas continuer à s'abriter derrière l'antisarkozysme, elle a tous les pouvoirs et doit donc prendre ses responsabilités en inscrivant dès maintenant la compétitivité au cœur de son projet économique.
Jean-François Copé