Editorial du Figaro du 12 septembre 2012

La famille Peugeot, qui fabrique des automobiles depuis cent ans, n’étant pas jugée fiable, mission a été donnée à M. Sartorius de vérifier l’état de santé de son entreprise. Et de s’assurer que le projet de fermeture de l’usine d’Aulnay ne camoufle pas un de ces «licenciements boursiers » que la gauche traque impitoyablement lorsqu’une entreprise se réorganise. Que l’on se rassure ! PSA se porte effectivement bien mal et doit au plus vite se restructurer. Et voilà le chef de l’État et Arnaud Montebourg empoisonnés par une affaire qu’ils ont eu le grand tort de politiser. Alors, tout ça pour ça ? Pas totalement. Le rapport Sartorius présente au moins le grand intérêt de décrire noir sur blanc la dureté de la mondialisation, qu’une bonne partie de la gauche refuse obstinément de regarder en face. Oui, la concurrence internationale est une réalité d’une extrême violence. Oui, des pans entiers de l’économie se déplacent d’un bout à l’autre de la planète et se trouvent bouleversés en un rien de temps. Oui, les entreprises sont confrontées à d’extraordinaires défis, contraintes en permanence à l’excellence et à la performance. Oui, si elles veulent survivre - y compris celles qui paraissent insubmersibles -, elles doivent être mobiles… et rentables! Dans sa critique de la stratégie de PSA, ce rapport pointe en creux une contradiction bien française. Longtemps montré en exemple pour avoir maintenu l’essentiel de son outil industriel dans son pays, le constructeur se voit aujourd’hui reprocher de disposer d’un appareil de production surdimensionné. De ne pas avoir suffisamment investi à l’international, et même, c’est un comble, d’avoir tardé à ouvrir une usine en République tchèque, où les coûts de main-d’oeuvre sont dérisoires, pendant que les autres s’y précipitaient. Le patriotisme industriel est une belle idée qu’il faut défendre et encourager. Mais la France et ses entreprises ne peuvent s’abstraire du monde tel qu’il est. S’il parvient à déciller les yeux du ministre du Redressement productif, ce rapport aura fait oeuvre d’utilité publique.