Guillaume Larrivé : “Les expulsions de clandestins sont en chute libre”


Elu député UMP en juin, malgré la vague rose, Guillaume Larrivé, 35 ans, a succédé à Jean-Pierre Soisson dans l’Yonne, en battant le maire PS d’Auxerre, Guy Férez. Ancien élève de l’Ena et de l’Essec, conseiller d’État, il a travaillé pendant sept ans auprès de Nicolas Sarkozy et de Brice Hortefeux, au ministère de l’Intérieur et à l’Élysée.
Le nombre d’expulsions de clandestins est en chute libre, dites-vous. Sur quoi vous fondez-vous pour l’affirmer ? J’ai la conviction qu’il est nécessaire de réduire l’immigration pour réussir l’intégration et l’assimilation. Et pour réduire l’immigration, il faut d’abord lutter, de manière très déterminée, contre l’immigration irrégulière. Ce qui est en jeu, c’est le visage qu’aura la France dans dix ans. Sur ce sujet, Manuel Valls tient des propos d’une apparente fermeté, mais, au-delà des mots, il y a la réalité, toute différente ! Les centres de rétention administrative sont aux deux tiers vides. Or c’est par ces centres que passent les clandestins avant de prendre l’avion pour être expulsés vers leur pays d’origine. J’ai inspecté le centre de rétention du Mesnil-Amelot, le plus grand de France : seules 90 places sur 240 étaient occupées. Il y a bien une chute des interpellations de clandestins et donc une chute des reconduites à la frontière.
Est-ce la faute du gouvernement ? C’est la Cour de cassation qui a souligné que la garde à vue des clandestins n’était pas conforme au droit européen. Et sans garde à vue, pas ou peu de placements en rétention… Je veux d’abord rappeler que plus de 225 000 clandestins ont été raccompagnés chez eux entre 2002 et 2011. Pourquoi ? Parce que les ministres de l’Intérieur successifs, Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux et Claude Guéant, assumaient le fait de demander aux préfets, aux policiers et aux gendarmes d’interpeller et d’expulser ces clandestins. Au contraire, le ministre socialiste de l’Intérieur a supprimé les objectifs chiffrés d’éloignement fixés par ses prédécesseurs : premier signal de relâchement. Il a aussi annoncé qu’il préparait une circulaire pour faciliter la régularisation des étrangers en situation irrégulière : deuxième signal de relâchement. Et ces signaux ont été reçus cinq sur cinq !
Rien n’est fait pour inciter les préfets et les forces de l’ordre à lutter contre l’immigration illégale. Il est vrai qu’une jurisprudence pernicieuse de la Cour de cassation a compliqué la tâche des policiers et des gendarmes. Le gouvernement s’était engagé à soumettre au Parlement un projet de loi simplifiant la procédure de reconduite à la frontière. Je regrette que le ministre de l’Intérieur n’ait toujours pas présenté ce projet de loi, quatre mois après sa prise de fonctions. Il y a urgence !
Il a quand même fait preuve de fermeté vis-à-vis des Roms. Manuel Valls est habile dans la diversion. En démantelant des campements illicites et insalubres, le gouvernement n’a fait qu’appliquer des décisions de justice fondées sur le respect du droit de propriété. Il n’y a rien d’extraordinaire à cela. Je crois, néanmoins, que ces interventions ne sont qu’un pis-aller. Le vrai problème, c’est le taux de délinquance des ressortissants roumains. Entre 2009 et 2011, le nombre de personnes de nationalité roumaine “mises en cause” (au sens où l’entend la police) a progressé de 69,35 %. J’ai la conviction que nous devons inventer un nouveau cadre juridique européen : quand il est avéré, dans un pays d’accueil comme la France, que le taux de délinquance des ressortissants d’une nationalité est significativement supérieur à la moyenne, le rétablissement temporaire des visas me semble une nécessité. La libre circulation des délinquants, ça suffit !
Vous déplorez aussi que la gauche n’associe plus la réduction des flux migratoires au développement des pays d’origine… En effet. La question de l’immigration n’est plus au coeur des discussions internationales. C’est la fin de la politique qu’avait mise en oeuvre Brice Hortefeux, sous l’autorité de Nicolas Sarkozy. Cette politique consistait à négocier avec les pays d’origine des “accords de gestion concertée des flux migratoires et de développement solidaire”. Nous en avions signé treize, notamment avec les pays d’Afrique subsaharienne. Il s’agissait de combattre l’exode que subissent ces pays et de réduire l’immigration en France. J’ai interpellé à ce sujet le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Sa réponse est édifiante : « La politique d’aide au développement n’a certainement pas pour objet la lutte contre l’immigration irrégulière. » Ce qui prouve, hélas, que la gauche défait méthodiquement tout ce que nous avions entrepris dans le but de réduire les flux migratoires. C’est un choix dangereux pour la France.
Propos recueillis par Fabrice Madouas
Valeurs actuelles